Entretien avec Marie Hénaff,
auteure de Les sentinelles de nos campagnes
En quelques années, Marie Hénaff s’est affirmée comme une auteure majeure de la fédération. Avec sa bonne maîtrise des codes du documentaire, exigeante en matière technique, elle avait déjà obtenu plusieurs belles récompenses lors des dernières éditions de Ciné-en-Courts. Le Grand Prix de cette année permet de nous faire découvrir ici son travail et ses convictions.
L’Ecran ►► Quel est l’origine de ce projet de documentaire sur des éleveurs engagés dans la bio-diversité animale et végétale ?
Marie Hénaff ►► J’ai été contacté par le Cregenne (Conservatoire des Ressources Génétiques du Centre-Ouest Atlantique) pour capter une transhumance à La Rochelle. Ils accompagnent un réseau de 12 associations de sauvegarde d’espèces animales et végétales locales. Nous avons donc rencontrés des éleveurs heureux et passionnés par leur métier, totalement différent de ce que l’on peut voir dans les médias. Une opportunité pour moi de démontrer qu’il existe des solutions pour sauvegarder notre patrimoine vivant tout en gagnant sa vie honorablement.
L’Ecran ►► Votre filmographie est très orientée vers des sujets liés à l’environnement (Les mulassiers de Romagné, 2021) et sociétaux (La vie est belle, 2023 ; La peur dans mon cartable, 2022). Films de convictions ou opportunités d’exercices de réalisation sur des sujets assez consensuels ?
Marie Hénaff ►► Ce sont tous des films de convictions car je ne pourrai pas faire un film sans être convaincu par le sujet. La plupart du temps, ce sont les sujets qui se présentent à moi et non l’inverse. Je n’accepte que si je ressens une certaine sensibilité au sujet et surtout au personnage. D’ailleurs nous gardons toujours le contact avec les personnages rencontrés. C’est ce que j’aime le plus dans le cinéma, c’est la rencontre avec des gens ordinaires qui se dévoilent au fil des images comme des gens extraordinaires !
L’Ecran ►► La « patte » de Marie Hénaff, c’est la garantie d’un documentaire chaque fois bien pensé, bien documenté, bien travaillé, bien maîtrisé formellement. Quelle est la part du club de La Rochelle et votre part autodidacte (ou autres) dans votre formation de cinéaste ?
Marie Hénaff ►► Je suis arrivée au CCR en 2013 sans aucune connaissance cinématographique, juste avec l’envie de partager une activité avec mon frère, Allain Ripeau. Contre toute attente, je me suis découvert une passion pour la vidéo. Seulement deux ans après mon intégration dans le club, j’obtenais le prix du reportage avec un court métrage sur une concentration de motard à Soulac. Ce premier prix m’a donné des ailes. Le CCR m’a beaucoup appris, d’ailleurs tous mes films passent par des séances de « moulinette », analyses détaillées effectués par les membres du club. Ces analyses me permettent d’abord de prendre du recul, d’identifier les faiblesses et les points forts. Je pense que pour progresser et ceci est valable dans tous les domaines, il faut savoir accepter les critiques. La difficulté dans cette exercice est de savoir se remettre en question tout en gardant son « âme ». Mais la meilleure façon de progresser reste pour moi : la pratique ! D’ailleurs je ne peux pas rester très longtemps sans avoir un projet en cours !
L’Ecran ►► Quel matériel utilisez-vous pour filmer, prendre le son, monter, étalonner, mixer ?
Marie Hénaff ►► Je tourne toujours avec mon époux Dominique qui a une Canon XA30 et un Osmo Pocket 3. Pour ma part, je possède une Canon XF400, un micro cravate DJI, et je monte avec Adobe Première.
L’Ecran ►► Combien êtes-vous sur vos tournages ?
Marie Hénaff ►► Nous sommes toujours deux aux prises de vues, mon mari et moi. J’ai eu la chance qu’il intègre lui aussi le CCR. Il est le premier à poser son œil critique sur mes réalisations. Jean-Paul Garré est souvent aussi aux génériques en tant que pilote de drone. Mon frère en tant que compositeur et Jean-Pierre Sellier au son et lumière.
L’Ecran ►► Quelle est l’actualité de Marie Hénaff aujourd’hui ?
Marie Hénaff ►► Actuellement, nous tournons un film sur deux ostréiculteurs, et avons un autre projet en attente sur une dentellière passionnée par les coiffes d’antan.
Propos recueillis par Charles Ritter.