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Entretien avec Robin Viale et Éduk’Image Voreppe,auteur de La guilde des chevaliers du bouclier d’argent déchu

La jeune équipe d’Éduk’Image de la MJC de Voreppe a réussi un exercice “heroïc fantasy” d’une efficacité et d’une drôlerie réjouissantes. Il y a dans La guilde des chevaliers du bouclier d’argent déchu une créativité et une énergie débordantes où la mise en scène intègre des références cinéphiliques à profusion (les jeunes générations citeront Kaamelott, d’autres citeront le cultissime Monty Python : sacré Graal !). Prix de la jeune réalisation et Prix du public à Ciné-en-Courts à Soulac. Rencontre avec Robin Viale, animateur du groupe.

L’Ecran ►► Comment fonctionne la structure Eduk’Image au sein de la MJC-Maison pour tous de Voreppe ? Existe-t-il un lien avec l’atelier vidéo de la ville ?

Robin Viale ►► A l’heure du « tout image », sensibiliser les plus jeunes, leur apprendre à décrypter et porter un regard critique sur les images, est un véritable enjeu de citoyenneté. Les ados naviguent sans boussole. En cette période trouble et confuse d’une transition numérique, il n’est pas évident de trouver sa posture face au virtuel. Beaucoup d’informations émanent du web, pas toujours fiables. L’éducateur à l’image est ici pour aiguiller ces jeunes car ils n’ont pas tous les codes pour appréhender ces nouvelles distractions numériques. La MJC (appelée Le Spot maintenant) de Voreppe a choisi de développer le projet « éducation à l’image » (Eduk’Image) à destination des 12-25 ans.

Il concerne l’ensemble des arts visuels : vidéo, photo, multimédia, dessin, peinture, art plastique. Cette action s’envisage sous la forme d’une activité régulière avec la possibilité de la ponctuer de stages et de projets ciblés : interventions dans les écoles primaires, collèges et lycées.

Durant chaque période de vacances scolaires, une semaine d’atelier de réalisation court métrage est proposée au sein de la Maison des Jeunes de Voreppe. L’occasion pour ces vidéastes en herbe de découvrir tous les corps de métiers du cinéma. De l’écriture au montage vidéo en passant par les techniques de prise de vue et de jeu d’acteur. De temps en temps, il arrive de travailler avec l’atelier vidéo adulte, sur des projets à eux, par exemple sur Le violon de l’âme, où Bernard Ferrand nous a sollicités pour agrémenter son film. Également le film de présentation des prochaines Rencontres régionales à Voreppe.

L’Ecran ►► Comment s’organisent l’écriture et la production des films à Eduk’Image ? Vous avez tous les ans un film sélectionné au festival Ciné-en-Courts à Soulac. Le concours régional et la perspective d’une sélection à Soulac fait-elle partie de la motivation à produire des films de qualité ?

Robin Viale ►► Concernant les stages de court-métrages donc, on procède à peu près comme suit : lundi/mardi, on met à plat toutes les idées, on se fait un gros brainstorming, sans jugements, autour de la table. Puis on commence à écrire les grandes lignes. J’insiste sur le fait que ce sont les jeunes qui choisissent l’histoire. On distribue les rôles, on fait du repérage, puis on établit le scénario. Mercredi/jeudi : tournage. Je fais tourner les groupes à la fois sur l’acting mais aussi la technique. Vendredi : soit tournage si on n’a pas fini dans les temps, soit montage vidéo. Un aspect que les jeunes aiment de plus en plus. Il arrive que certains jeunes, en dehors de ces stages, me sollicitent pour venir m’aider pendant le montage vidéo. Je trouve ça génial, ils sont impliqués, et cela permet de réfléchir à plusieurs quand on est coincés sur certains choix.

Sur la motivation des films, la perspective d’une sélection à un concours n’est pas une priorité. On fait avant tout le film que l’on aime, nous tous. Pour le dernier film par exemple (La guilde…), on ne s’attendait pas du tout à un tel engouement.

L’Ecran ►► Pourtant, le film présenté cette année, La guilde des chevaliers du bouclier d’argent déchu, semble le plus ambitieux sorti de votre atelier. Sorte de mini-fresque héroïque médiévale peut-être inspirée de la série Kaamelott (ou de Monty Python, sacré Graal ! comme référence plus ancienne), il a dû demander un long travail de pré-production. Comment cela a-t-il été organisé ? Quel type de matériel utilisez-vous ?

Robin Viale ►► On a abordé ce film comme un autre. L’idée est venue d’une jeune qui voulait absolument monter à cheval (pourquoi pas) dans un film, et qui connaissait la responsable d’un centre équestre. Comme la MJC proposait un atelier couture la semaine précédente, on a eu l’idée de faire un thème médiéval pour la confection des costumes.  À partir de là, on avait quelque chose. L’axe décalé est venu naturellement, et c’était une première de faire un film « d’époque », avec une région montagnarde et forestière qui s’y prête bien. J’utilise la GH-5 Lumix. Avec un petit micro canon Rode et plusieurs micros sans fil T.bone pour les dialogues. Je monte sous Première Pro.

L’Ecran ►► La guilde des chevaliers du bouclier d’argent déchu (comment est venu ce titre aussi compliqué ? de l’autodérision ?) a obtenu le Grand Prix des Rencontres régionales de l’UCV7 en avril dernier, le prix des moins de 25 ans et le prix du public à Ciné-en-Courts à Soulac en septembre. Est-ce une consécration, ou au moins une reconnaissance de tout le travail fourni par vous et le groupe ?

Robin Viale ►► On voulait un titre long, décalé, compliqué, afin que ça marque les esprits ! Ça fait toujours plaisir la reconnaissance, et surtout pour les jeunes, cela me fait un bien fou de les voir heureux, il y en a que je suis depuis cinq ans maintenant, et j’observe une réelle progression dans l’approche des nouveaux films. Une vision de plus en plus « pro ». Ils le méritent.

L’Ecran ►► Eduk’Image se distingue également avec deux seconds prix consécutifs aux éditions du Fédé Open Festival sur le thème de “L’attente” et “Éclats”. Le Fédé Open Festival est-il aussi un exercice stimulant pour le groupe ?

Robin Viale ►► Complètement ! Les contraintes (format, thème…) stimulent l’imaginaire, c’est un très bon exercice. Ils apprécient de mieux en mieux.

L’Ecran ►► Le prix au dernier Fédé Open et celui obtenu aux Rencontres régionales à Champagne-au-Mont-d’Or en avril dernier ont motivé la venue de votre groupe à Soulac en septembre dernier. Heureux de s’être déplacés ?

Robin Viale ►► Ils sont aux anges ! Le fait de partir entre copains 4 jours déjà, et pour présenter deux films sélectionnés, c’était une aubaine. J’avoue que c’était compliqué d’amener le CA de la MJC à se positionner pour dire « oui » quant à manquer deux jours d’école ! Mais le jeu en valait la chandelle. On a découvert Soulac, charmante petite ville, le staff accueillant comme tout, une organisation au top, le live du dimanche matin avec les parents aux aguets, les interviews des jeunes à chaque coin de rue… ils se sont pris pour des stars ! L’exercice de la prise de parole est une formalité maintenant pour eux ! Ils veulent déjà revenir l’année prochaine, on verra…

L’Ecran ►► Eduk’Image tient une place importante dans l’organisation du festival Cap sur le Court qui a lieu tous les ans en novembre à Voreppe. Ce festival ouvert aux amateurs, soutenu par la Ville, est-il une autre opportunité pour ces jeunes de cultiver et pratiquer le cinéma ?

Robin Viale ►► Tout à fait, mais c’est surtout une sorte de « promotion » pour montrer aux Voreppins qu’il existe une telle structure pour les adolescents. Beaucoup de familles de la commune ne savent pas que ce dispositif est en place, à moindre coût. Si j’avais eu de telles conditions durant mon adolescence pour approcher le cinéma…

L’Ecran ►► Quelques jeunes d’Eduk’Image souhaitent-ils progresser dans le milieu du cinéma ?

Robin Viale►► Oui, certains lycéens vont tenter des écoles de cinéma un peu partout en France après le Bac. D’autres sont déjà inscrits à Paris au cours Florent pour le jeu d’acteur. Ce qui est intéressant, c’est l’évolution des attentes. Prenez une Mila (une jeune qui ne rate jamais un stage) qui voyait le côté paillette/star-système du cinéma au début : avec le temps elle considère l’écriture et la direction d’acteurs tout aussi passionnant !

L’Ecran ►► Quelle est l’actualité de Robin Viale et d’EduKimage Voreppe aujourd’hui ?

Robin Viale ►► A l’heure où j’écris ces lignes se termine notre dernier jour de tournage pour le stage court métrage de la Toussaint. Il me reste également le montage de la suite de la Vague Alpha, tourné cet été. On finalise les prochaines rencontres vidéo pour Cap sur le Court qui a lieu le 23 novembre et on prépare les Rencontres régionales 2025.

On a réalisé un petit reportage sur les 80 ans de la libération de Voreppe qui a rencontré un certain succès. Ce film sera projeté dans les écoles primaires à la demande des enseignants. Le maire m’a même demandé de sous-titrer le film en italien afin de le présenter à Castelnovo ne’ Monti, ville jumelée avec Voreppe. Encore une occasion de se déplacer avec les jeunes en avril prochain…

Propos recueillis par Ch.R.

Tous les films Eduk’image sont en ligne sur la chaine Youtube de la MJC Voreppe :

https://www.youtube.com/@mjcmptvoreppe189/videos

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